[France-Guyane] Saint-Laurent du Maroni: l'emprise de la maison du receveur des douanes révélée

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2024-07-02 19:21:09

Patrimoine

Saint-Laurent du Maroni: l’emprise de la maison du receveur des douanes révélée

Samuel ZRALOS
mardi 2 juillet 2024

La maison du receveur des douanes, à Saint-Laurent du Maroni. • S.Z.

Avant la restauration de la maison du receveur des douanes, à Saint-Laurent, l’Institut de recherches archéologiques préventives (Inrap) a procédé à des fouilles sur les lieux, qui ont dévoilé des surprises. 

Nous sommes dans le quartier officiel de Saint-Laurent du Maroni, juste à côté de l’appontement où arrivaient les bagnards, à deux pas de l’ex-maison de l’administrateur pénitentiaire, aujourd’hui demeure des sous-préfets. Autour des murs tagués des restes de l’ancienne maison du receveur des douanes, à la place de la pelouse présente ces dernières années, les saint-laurentais peuvent aujourd’hui voir les vestiges des dallages, sanitaires et autres éléments qui constituaient le bâtiment jusqu’à la première moitié du XXe siècle, lorsqu’il était encore en fonctionnement sous la houlette de l’administration coloniale.

Un mois de fouilles

La maison doit être intégralement restaurée dans le cadre du loto du patrimoine, qui l’a sélectionnée comme bénéficiaire lors de sa première promotion. Comme la loi le veut, les archéologues de l’Inrap ont procédé avant les travaux à deux phases de fouilles, pour en découvrir les trésors qui risquent d’être détruits lors des travaux ultérieurs. D’abord un simple diagnostic, qui a permis de voir qu’il serait intéressant de faire plus, ce qu’ont validé les services de l’Etat. Place alors à la deuxième section, des fouilles de sauvegarde.

« On intervient un mois, pour pouvoir ensuite orienter la ville dans ses choix techniques pour la restauration« , explique Gaëtan Juillard, responsable de recherches archéologiques à l’inrap et responsable des fouilles. « On arrive sur le terrain, on utilise une pelle mécanique pour le décapage, on fait d’abord des tests pour voir l’empilement des couches de terre du site, pour voir où des vestiges apparaissent« , explique le chercheur. Ensuite, place à la fouille manuelle de chaque vestige, à la truelle. « Ensuite on enregistre tout, on numérote les découvertes, pour ensuite pouvoir comparer les données, les interroger et créer de la connaissance scientifique. »

Une fontaine et des urnes

Le chantier – la seule fouille actuellement en Guyane – a permis à l’équipe d’archéologues de mettre à nu l’ensemble de la zone et, au passage, de découvrir plusieurs surprises. En effet, si la plupart des éléments apparus étaient attendus, puisque présents sur les plans de l’époque, un point d’eau, possiblement une fontaine a été dévoilée alors qu’elle « n’est présente sur aucune carte », indique avec une certaine fierté le responsable des fouilles, tout sourire.

La probable fontaine mise au jours lors des fouilles de l’Inrap.
• S.Z.

Plus significatif encore, si la « majorité des aménagements » datent comme prévu d’une période allant de la deuxième moitié du XIXe siècle à la fermeture du bagne, deux urnes précolombiennes sont sorties de terre, qui datent elles du XIIIe ou XIVe siècle, et confirment l’implantation préalable et le déplacement d’un village amérindien sur les terres appropriées par la France au XIXe siècle, village qui a disparu aujourd’hui et dont les contours exacts ne sont pas encore connus. Si ces artefacts ont pu être découverts aussi près des traces beaucoup plus récentes de la maison du receveur des douanes, c’est que, sur le territoire, contrairement à l’Europe « le niveau de terre monte assez peu« , de l’ordre de quelques centimètres par siècle. Ce qui s’explique par l’érosion des pluies et par des constructions historiques « qui ne produisent pas de remblais« , puisque souvent dans des matériaux qui ne résistent pas au temps.

Excavées ce mardi après-midi pour être reconstituées, les urnes vont ensuite être conservées au centre de conservation et d’études de Guyane, à Rémire-Montjoly. En effet, en Guyane, aucun vestige n’a le droit de sortir du territoire, sauf demande spécifique pour étude.

Un archéologue de l’Inrap photographie l’une des urnes découvertes avant son excavation.
• S.Z.

Contrairement à ce qui est souvent nécessaire lors de fouilles archéologiques, les recherches effectuées par l’Inrap ne sont ici pas destructrices, « parce qu’on est dans une emprise intégralement inscrite, donc tout ce qu’on a découvert là c’est inscrit« , à l’index des monuments historiques, note Gaëtan Juillard. « On enlève des choses, mais on demande à chaque fois aux monuments historiques si on peut« , poursuit le chercheur.

Les fouilles terminées, une journée porte-ouvertes accessible aux scolaires et au grand public va avoir lieu mercredi 3 juillet, à partir de 10h30 du matin. Ensuite, charge à la commune – qui finance les fouilles avec l’Etat et la fondation du patrimoine pour un budget de 150 000 euros – de procéder à la restauration et de décider si elle veut conserver visibles les vestiges archéologiques aujourd’hui ouverts au ciel. Si Saint-Laurent fait ce choix, il lui faudra toutefois protéger ces structures, pour qu’elles ne soient pas à leur tour abimées par l’érosion, ce qui peut arriver très vite dans un climat tropical.

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