Petits ou grands carreaux ? Stylo rouge ou stylo
bleu ? Il est à peine onze heures et déjà les parents, assaillis de
questions, affluent dans le magasin de bureautique
Majuscule, situé à Matoury. Ils déambulent dans les rayons,
paniers remplis et yeux rivés sur la liste de matériel scolaire à
acheter pour la rentrée. « Aujourd’hui et demain seront
les journées plus chargées », prédit Rodrigo
Sarraf, responsable du magasin. Pour cause, l’allocation de rentrée
scolaire (ARS) vient de tomber, ce mardi 20 août. Versée par la
Caisse d’allocation familiale, elle représente entre 416 et 440
euros par enfant dont le foyer a des ressources n’excédant pas un
certain plafond. En 2023, près de 22 800 familles guyanaises l’ont
perçue.

Une aide « quasiment vitale »
pour Kathie, qui a consacré l’année dernière « au moins 220
euros » pour ses deux fils, rien qu’en matériel scolaire.
« Seulement pour les livres, on en a déjà pour au moins 40
euros. Ensuite, il faut le cartable qui va bien, pour ne pas abîmer
le dos du petit et le matériel scolaire… », s’épanche la
maman. Elle réutilise les affaires qui peuvent l’être :
calculatrice, dictionnaire, stylos… Pour le reste, elle évalue
les prix et compare. « On ne peut plus acheter sans
regarder les étiquettes », confirme Priscilla en agitant,
dans la main, un rouleau pour plastifier les livres :
« C’est plus de deux euros par livre en librairie ! C’est
plus rentable de le faire soi-même » s’exclame la maman.
Face aux cahiers, elle s’empare d’un modèle, l’examine, puis le
repose. Elle a développé une stratégie bien précise :
« J’ai d’abord demandé aux employés de ne m’apporter que
les articles à prix mini. Maintenant, je regarde la qualité : si
elle ne convient pas, je prends le prix au-dessus »,
explique-t-elle, sous l’œil attentif de Yasmine, son adolescente
qui…

Un préavis de grève le 23 août, une réunion avortée en dix minutes lundi 26 : la colère a manqué de déborder cette semaine à la mairie de Saint-Laurent du Maroni. En cause, de multiples tensions autour des conditions de travail des services techniques de la commune. A l’initiative de l’UTG, principal syndicat, ces derniers ont dénoncé des défaillances dans l’application du protocole d’accord signé l’an dernier, le 23 septembre 2023, à la suite, déjà, d’une grève.

L’UTG était également peu satisfaite de la gestion des risques psychosociaux, du versement de la prime d’indemnité de fonctions, de sujétions et d’expertise (IFSE), principale prime de fonction des salariés du public, ainsi – et peut-être surtout – de la gestion de la grille d’avancement des salaires.

Coup de pression ou marque réelle de colère, le syndicat avait même ajouté la démission du directeur général des services (DGS) de la capitale de l’ouest à ses revendications. « Le problème n’est pas la personne, mais la fonction du DGS », nous précise toutefois Gilles Beaudi, secrétaire général adjoint UTG, venu pour les négociations en milieu de semaine. Le syndicaliste reconnaît que les « dysfonctionnements » dénoncés ne « venaient peut-être pas directement de lui », mais souligne que ceux-ci étaient bien réels à ses yeux. « A l’UTG on ne met pas de l’eau dans notre vin, mais il n’y a pas d’attaque personnelle, c’est vraiment la fonction qui est attaquée », précise encore le représentant des travailleurs.

Après le dépôt du préavis de grève illimitée, une première réunion a donc réuni lundi représentants du personnel et mairie, mais elle a tourné court : débutée à 10h, elle a vu les syndicalistes la quitter à 10h10, suite d’après la commune à l’avancée par les salariés d’un « point qui ne fait pas partie du protocole d’accord » de septembre 2023.

S’en sont suivis une journée et demie de flottement, avant une nouvelle réunion ce mercredi, qui s’est révélée bien plus fructueuse. Ce nouveau rendez-vous s’est « très bien passé » s’accordent les protagonistes. « On a trouvé un terrain d’entente, on a mis en place un process de fonctionnement pour qu’il n’y ait plus de problèmes entre le syndicat et la mairie », soutient Gilles Beaudi

Le protocole d’accord a été « remis au goût du jour », explique-t-il et les deux parties sont tombées d’accord. « On a revu toutes les défaillances, pour qu’il n’y ait plus de défaillances à l’avenir. La maire n’a pas d’opposition là dessus, est même plus volontaire que son administration » souligne le représentant syndical.

Dans le détail, le nouveau processus qui doit être appliqué s’articule autour de la promesses de rencontres plus fréquentes entre salarié et administration, avec des procès verbaux systématiques à l’issue de ces réunions de travail.

Les salariés ne vont donc pas mettre leurs menaces de grève à exécution, mais attention, met en garde l’UTG, si le nouveau protocole n’est pas respecté « le préavis de grève illimitée court toujours, on peut reprendre en septembre ou en octobre ». Bref, tout est bien qui finit bien, (peut-être) jusqu’à la prochaine fois.