Insécurité à Saint-Laurent : le premier ministre répond à la mairie
S.Z.
lundi 14 octobre 2024
Les agents de la mairie démontent le sit-in installé devant la sous-préfecture de Saint-Laurent du Maroni. • S.Z.
Dans une lettre, l’État accède à deux des trois demandes de la capitale de l’ouest.
7 jours de sit-in et, enfin, une lettre. Après
presque une semaine d’action engagée par la municipalité de
Saint-Laurent du Maroni devant la sous-préfecture de la commune,
l’État a fini par répondre, par écrit, aux demandes de Sophie
Charles, formulées au début du mois.
Cette dernière, visiblement remontée après le
braquage subi par le doyen de son conseil municipal – dernière
victime d’une liste longue comme le bras – avait annoncé son
intention…
Noyade à la crique Cascade, entre Saint-Laurent et Apatou
Rédaction
lundi 14 octobre 2024
Le corps a été retrouvé crique Cascade, dimanche dans la soirée. • DR
Le corps d’un jeune homme de 25 ans a été retrouvé dimanche soir, vers 21h, à la crique Cascade, sur la route d’Apatou, lieu très fréquenté au cours des weekend.
La gendarmerie affirme que le décès est accidentel, consécutif à une noyade. Les sapeurs-pompiers, intervenus sur place hier soir, ne sont pas parvenus à sauver la victime.
La pirogue du droit, dispositif qui envoie régulièrement juristes et magistrats à la rencontre des habitants des communes isolées, pour prodiguer conseils et aide juridique ou administratif, repart ce matin sur le Maroni.
La pirogue va d’abord faire escale à Apatou ce lundi, avant Apagui demain, Papaïchton ce mercredi et Maripasoula et Taluen jeudi.
Insécurité / Mouvement social : Olivier Goudet appelle au départ du préfet actuel
Gérôme GUITTEAU, g.guitteau@agmedias.fr
lundi 14 octobre 2024
Olivier Goudet et quelques-uns des membres de son association Tròp Violans, devant le commissariat, vendredi dernier. Il dénonce le manque de respect de la préfecture à l’encontre des élus guyanais. • GG
Olivier Goudet, président de Tròp Violans a donné une conférence de presse, vendredi soir, devant le commissariat à Cayenne afin d’interpeller l’État sur l’insécurité dans le territoire. Il apporte son soutien aux élus de Saint-Laurent et au mouvement social en Martinique.
Avez-vous discuté avec le Rpprac au sujet de
votre expérience de 2017 ? Lors de ce mouvement social, aucun
débordement n’a été commis, alors que la Martinique s’est embrasé
quasi immédiatement ?
Nous sommes en discussion avec eux avant le début
du mouvement contre la vie chère. Les deux manifestations ne sont
pas comparables. Nous étions en lutte contre l’insécurité, eux
c’est la vie chère. Il est difficile de gérer le mécontentement
d’une population. Le R [Rodrigue Petitot, leader du mouvement] a
très bien agi. Il n’a jamais appelé à la violence, bien au
contraire. Il a été voir les élus, il a communiqué en permanence.
Ils se sont mis…
Fifac : les productions récompensées à Saint-Laurent-du-Maroni
Gaëtan TRINGHAM, g.tringham@agmedias.fr
samedi 12 octobre 2024
Malaury Eloi Paisley, (2e en partant de la droite), grand sourire au moment de recevoir son Grand prix de la main de Gessica Généus (à gauche toute) • CAPTURE D’ÉCRAN DU DIRECT
La soirée de clôture de la 6e édition du Fifac a récompensé cinq films/documentaires de la région Amazonie-Caraïbes.
Depuis quatre jours, Saint-Laurent-du-Maroni était devenu l’épicentre du cinéma documentaire de la région Amazonie-Caraïbes. La sixième édition du Fifac (Festival international du film documentaire Amazonie-Caraïbes) s’est déroulée du 8 au 12 octobre.
Le festival a tenu sa cérémonie de clôture, au sein du Camp de la Transportation, ce samedi soir. C’était l’occasion de départager les 37 films en lice. Cinq prix ont été attribués.
Rappelons également que 13 territoires étaient représentés (Brésil, Colombie, Costa Rica, Cuba, Guadeloupe, Guyane, Haïti, Martinique, Pérou, République dominicaine, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Suriname, Venezuela)
Une production guadeloupéenne remporte le Grand prix
« L’homme Vertige« , de Malaury Eloi Paisley, a été récompensée du Grand prix Fifac. Cette production Guadeloupéenne explore les âmes errantes de Pointe-à-Pitre, une ville marquée par le passé et les mutations. « J’ai fait ce film avec beaucoup d’amour et de colère« , a témoigné la réalisatrice, sur place pour recevoir sa récompense. Selon la présidente du jury cette année, la réalisatrice haïtienne Gessica Généus ce prix « met en lumière une personne qui a su maitriser sa quête avec une dextérité et talent hors pair.«
Le prix du long-métrage a de son côté été attribué à « Varado« , réalisé par Nicos Argillet et Stéphane Correa. Cette immersion dans une histoire de migrants dans un milieu ruiné par l’orpaillage clandestin a été tournée entre la Guyane et le Suriname.
C’est ensuite une production cubaine, « Palomar« , qui a obtenu le prix du court-métrage. Son réalisateur, José Luis Jiménez Gómez raconte l’histoire d’un jeune homme qui noue un lien affectif avec les pigeons lorsqu’il construit un pigeonnier avec son père.
Le prix du public a été décerné à la série guyanaise qu’on ne présente plus : « SAS est passé » de Chloé Bebronne. Une ode à une bande de passionnés de musique qui créent un label indépendant, SAS prod.
Le prix des lycéens revient, lui, à « Les âmes bossales« , un film en créole Haïtien de François Perlier. Le réalisateur va à la rencontre des « bossales », ce terme qui qualifie une personne rebelle, qui incarne l’âme d’Haïti, dans un contexte social explosif.
Enfin, une mention spéciale a été attribuée au film surinamais « Mama Sranan » de Tessa Leuwsha pour son « grand travail de recherches« , sur les racines culturelles entre le Suriname et les Pays-Bas.
Sept armes à feu saisies à Saint-Laurent depuis le week-end dernier
G.T.
vendredi 11 octobre 2024
La caserne de gendarmerie de Saint-Laurent
Face à la violence dans la ville, la gendarmerie accumule les dossiers, mène ses enquêtes et multiplie les contrôles.
La ville de Saint-Laurent-du-Maroni est plongée dans une mauvaise série de violences. De multiples enquêtes sont en cours et sont menées par la gendarmerie qui accumule les dossiers. Les élus saint-laurentais, touchés de près par cette violence, mettent la pression à l’État depuis le début de la semaine. Ils font un sit-in devant la préfecture depuis mardi.
Face à cela, outre le travail de fond sur les enquêtes, la compagnie de gendarmerie de Saint-Laurent nous indique qu’elle multiplie les contrôles. Depuis le week-end dernier, sept armes de poing ont été saisies par les forces de l’ordre dans la ville.
Toutes les personnes en possession de ces armes ont été interpellées puis placées en garde à vue. Les suspects ont ensuite été déférés dans l’attente de leur jugement.
[INTERVIEW] Sophie Charles : « Là où les réponses tardent à arriver, les faits violents suivent une trajectoire inverse »
Propos recueillis par Gaëtan TRINGHAM, g.tringham@agmedias.fr
vendredi 11 octobre 2024
Sophie Charles, maire de la ville, accompagnés des élus saint-laurentais devant la sous-préfecture. • DR
Les élus de Saint-Laurent continuent leur sit-in devant la sous-préfecture pour dénoncer la violence dans leur ville. Ils restent dans l’attente d’une réponse du courrier envoyé au Premier ministre la semaine passée. Entre-temps, les faits violents continuent dans la ville. Les réponses du Maire Sophie Charles sur la situation.
Vous avez déjà obtenu un accord du préfet pour l’augmentation des effectifs de gendarmerie. Qu’attendez-vous exactement en plus ?
Nous avons reçu un accord verbal, lors de la réunion de crise du jeudi 3 octobre, en présence du préfet et du général de gendarmerie la suite de laquelle j’ai adressé un courrier au Premier Ministre. Nous avons indiqué vouloir une réponse officielle, c’est-à-dire une réponse écrite avec un calendrier précis de l’affectation des forces supplémentaires promises.
La réalité sur le terrain est inquiétante, nous vivons dans la peur au quotidien, confrontés à une insécurité omniprésente. L’État doit non seulement respecter ses engagements, mais aussi montrer qu’il prend la mesure de la situation en déployant immédiatement les ressources nécessaires.
Le sit-in continuera tant que le PCR Margot est maintenu ? Que vous a-t-on dit pour l’instant à ce sujet ?
Nous souhaitons que les effectifs du PCR Margot soient positionnés là où ils sont vraiment nécessaires, c’est-à-dire en ville et sur la frontière. Cela permettra également à la police aux frontières et à la douane de se concentrer sur leurs missions premières. Par ailleurs, nous attendons une évaluation sérieuse de l’impact de ce poste sur la sécurité de notre ville.
Il ne s’agit pas seulement d’une question opérationnelle, mais également d’un reflet des inquiétudes des citoyens, qui vivent cette situation de confinement par rapport aux autres communes de Guyane comme une sanction injustifiée. Le PCR de Margot isole les habitants et entretient la criminalité à l’intérieur de la ville, les contrôles ayant lieu uniquement à la sortie de la ville. Nous avons besoin de mesures concrètes de la part des autorités pour rétablir la confiance.
Le sit-in se poursuit depuis mardi. • Ville de Saint-Laurent-du-Maroni
Vous dites dans votre courrier au Premier ministre que « l’Etat doit pouvoir se concentrer sur la véritable frontière, c’est-à-dire sur le contrôle du fleuve Maroni. » Un contrôle efficace de ce fleuve tout du long n’est-il pas impossible ? Que proposez-vous ?
En insistant sur le contrôle du fleuve Maroni, je demande à l’État de faire respecter ses frontières comme dans n’importe quel autre territoire français. Rien n’est incontrôlable, surtout sur un territoire qui abrite un port spatial, il suffit d’adopter des moyens techniques modernes.
L’utilisation de drones équipés de caméras haute résolution et de systèmes de reconnaissance automatique d’images peuvent détecter des activités suspectes en temps réel. L’intelligence artificielle peut analyser les données recueillies pour améliorer l’efficacité des patrouilles et des interventions, et par conséquent contrôler le fleuve en permanence. Ces mesures sont essentielles pour protéger notre communauté, qui vit dans la peur, et pour lutter efficacement contre la criminalité transfrontalière. Le contrôle de la frontière ne réglera pas tous les problèmes, mais il va diminuer les flux illégaux.
Le réel problème n’est-il pas le mépris/le manque de considération que vous dénoncez et dont vous dites êtres victimes ?
Depuis le début de l’année, c’est la troisième fois que j’interpelle le gouvernement. J’ai sensibilisé tous les interlocuteurs, tant au niveau local que national, car la question de la sécurité est fondamentale. J’ai écrit au Premier ministre et j’attends une réponse officielle de sa part. Je n’ai pas sollicité d’entretien avec la sous-préfète, donc je ne ressens pas personnellement de mépris. Cependant, ce que je ne peux pas accepter, c’est qu’elle n’ait pas joué son rôle d’interface entre la municipalité et le gouvernement.
Lorsque des élus en écharpe se tiennent devant votre institution, il est inconcevable de quitter la commune, pourtant, c’est ce qu’elle a fait. Ce mépris ne concerne pas seulement les élus, mais aussi la population que nous représentons. Nous sommes les relais du stress et de la peur vécus par nos concitoyens, une peur qui grandit chaque jour. Les carences de l’État face à nos demandes renforcent ce sentiment d’abandon et génèrent des émotions négatives. En tant que maire, je suis déterminée à me battre pour offrir un cadre de vie digne et serein aux 80 000 habitants qui vivent sur le territoire que je sers. Je tire la sonnette d’alarme, et cela vaut pour tous mes collègues élus, pour éviter que nous arrivions à des situations extrêmes et irréversibles.
Comment la situation évolue-t-elle depuis mardi, date à laquelle vous avez commencé le sit-in ?
Là où les réponses tardent à arriver, les faits violents suivent une trajectoire inverse. Depuis mardi soir, les actes criminels se multiplient à Saint-Laurent du Maroni. Mercredi, un homme a été blessé par balle et transporté au CHOG. Quelques heures plus tard, ses agresseurs, ayant appris qu’il était toujours en vie, se sont introduits armés à l’hôpital pour tenter de le tuer.
Le même jour, une femme a été agressée alors qu’elle retirait de l’argent au distributeur près du quartier des écoles. Cela a déclenché une série de coups de feu qui a duré plusieurs heures. Ensuite, un chauffeur de bus a été pris pour cible par des tirs. Ce matin encore, des coups de feu ont été entendus à proximité de l’école Giffard, alors que des enfants partaient en sortie scolaire. Pour couronner le tout, un vétérinaire a été agressé devant son cabinet par un toxicomane. Pendant que nous attendons des réponses, la violence continue d’augmenter. Les armes se louent désormais pour 45€ par jour dans le quartier Vietnam, et les coups de feu sont devenus une réalité quotidienne.
Vu à l’entrée de la ville de Saint-Laurent. Le terme « zone de non-droit » a été repris plusieurs fois par les élus de la commune dernièrement • Réseaux sociaux
NDLR : France-Guyane a sollicité la préfecture en début de semaine pour connaitre leur position sur le retrait du PCR Margot. Cette demande n’a pas été suivie de réponse pour l’instant.
Deux mois après avoir été tué, Laurent, SDF, sera inhumé grâce à une chaîne de solidarité
Mathurin Levis
vendredi 11 octobre 2024
Laurent Esteve Colin, SDF bien connu des Saint-Laurentais qui a été tué en août dernier. • DR
Laurent Esteve Colin, un SDF bien connu des Saint-Laurentais tué en août dernier, va pouvoir être enterré grâce notamment à une cagnotte en ligne.
Son corps avait été retrouvé le 14 août dernier sur une place de Saint-Laurent du Maroni. Laurent Esteve Colin, ancien professeur devenu SDF, avait été poignardé en pleine nuit et avait succombé à ses blessures. Faute de famille sur place et de ressources financières, ses funérailles n’avaient pu avoir lieu. Jusqu’à ce que Charlotte Sahnoune, habitante de Saint-Laurent du Maroni, qui avait fait sa connaissance dans la rue, décide d’organiser une cagnotte solidaire pour financer son enterrement. Après avoir récolté 3.200 euros, la cérémonie d’inhumation aura lieu ce samedi 12 octobre à l’Église du Bon Pasteur.
« Il n’est pas envisageable qu’il ne soit pas enterré dignement«
Charlotte Sahnoune avait fait la connaissance de Laurent alors qu’il était SDF : « J’étais en Guyane depuis peu de temps, je l’ai connu à la cafétéria de Super U, il était souvent là-bas. Il faisait la manche ou cherchait de la nourriture pour subvenir à ses besoins. Il aimait parler avec tout le monde, échanger quelques mots, il était toujours aimable et joyeux. Il discutait avec moi ou avec mon fils, il était attentionné » se souvient-elle.
Lorsqu’elle a appris sa mort brutale en août, Charlotte Sahnoune a été très affectée. C’est ce qui l’a poussée à agir : « Je me suis dit qu’il n’était pas envisageable qu’il soit enterré sans une cérémonie ou un hommage. Qu’il devait avoir droit à un enterrement digne de ce nom ». Après avoir réussi à prendre contact avec la sœur de Laurent, installée en France hexagonale, Charlotte Sahnoune lance une cagnotte en ligne pour réunir les fonds nécessaires à son inhumation : « grâce aux dons de ses anciennes connaissances en France et à la générosité de ceux qui l’ont connu à Saint-Laurent, nous avons pu réunir la somme nécessaire à l’enterrement : 3 200 euros ».
« Une dernière cérémonie ouverte à tous ceux qui veulent lui rendre hommage »
Après la collecte, Charlotte Sahnoune a engagé les démarches funéraires : « J’ai pris contact avec le prêtre de l’Église du Bon Pasteur qui a réussi à m’accorder une date de cérémonie pour le 12 octobre. C’est là-bas que se déroulera la cérémonie, puis Laurent sera enterré au cimetière de Saint-Laurent du Maroni. La cérémonie est bien évidemment ouverte à tous ceux qui l’ont connu et qui souhaitent lui rendre un denier hommage. Des élus de la commune seront présents, Sophie Charles elle-même m’a félicitée pour mon action même si elle ne pourra être parmi nous ».
Profondément humain et bien connu des habitants de Saint-Laurent du Maroni, Laurent Esteve Colin aura donc pu bénéficier une dernière fois de leur générosité. Grâce à cette chaîne de solidarité, il pourra être dignement inhumé.
La cérémonie aura lieu samedi 12 octobre à partir de 15h à l’Église du Bon Pasteur (proche de la station service Total).
Les élus de Saint-Laurent continuent leur sit-in et veulent l’arrêt du PCR Margot
Gaëtan TRINGHAM, g.tringham@agmedias.fr
mercredi 9 octobre 2024
Vu à l’entrée de la ville de Saint-Laurent. Le terme « zone de non-droit » a été repris plusieurs fois par les élus de la commune dernièrement • RÉSEAUX SOCIAUX
Après une première journée de mobilisation mardi, les élus saint-laurentais sont retournés devant la sous-préfecture ce mercredi.
Sophie Charles et ses adjoints ont passé, mardi, une première journée assis devant la sous-préfecture de l’ouest.
Sit-in des élus devant la sous-préfecture de l’ouest • DR
« L’insécurité à Saint-Laurent-du-Maroni a atteint un point critique et les habitants, tout comme leurs élus, sont à bout de patience« , écrivait notamment le maire dans un communiqué lundi. Parmi les derniers faits marquants, l’attaque armée contre des gendarmes de la ville. Trois jours plus tard, la violente agression dans laquelle un élu a été braqué et ligoté à son domicile avec son épouse a été le fait de trop.
« Saint-Laurent-du-Maroni est une zone de non-droit dans laquelle règne un chaos et on demande à ce que cela cesse« , a déclaré Manuel Jean-Baptiste, 3e adjoint au maire, dans une vidéo diffusée sur les réseaux de la ville.
Un point bloquant
Comme mardi, les élus sont retournés ce mercredi devant la sous-préfecture pour poursuivre le sit-in. Ils attendent d’obtenir satisfaction sur les points de revendication envoyés au Premier ministre la semaine passée. Deux d’entre eux ont déjà été approuvés par le préfet, Antoine Poussier : l’augmentation des effectifs de la gendarmerie et « l’éradication de certains quartiers informels qui servent de base arrière aux délinquants. »
Un point bloque pour l’instant : la demande de l’arrêt du poste de contrôle routier de la crique Margot. Sophie Charles indique dans son courrier à Matignon : « La crique Margot ne constitue pas une frontière et mobilise malheureusement des effectifs de la gendarmerie qui pourraient être redéployés en ville, dans les quartiers sensibles […] l’État doit pouvoir se concentrer sur la véritable frontière, c’est-à-dire sur le contrôle du fleuve Maroni. »
Manque de considération
Les élus ont été agacés mardi de ne pas avoir pu s’entretenir avec un représentant de l’État. La sous-préfète, Véronique Beuve, étant pour sa part à Maripasoula. « Dans l’hexagone, lorsqu’un élu se fait agresser, vous avez tout de suite la venue d’un ministre ou d’un représentant de l’État« , remarque le maire. Manuel Jean-Baptiste estime, lui, « quand on ne considère pas les élus locaux, on ne considère pas la population » et répète « on ne bougera pas tant que l’on ne sera pas satisfait. »
On se demande tout de même comment il serait possible d’agir selon les suggestions de la mairie et de contrôler tout un fleuve pour mieux gérer la frontière.
Violence à Saint-Laurent : les élus sont excédés et le font savoir
Gaëtan TRINGHAM, g.tringham@agmedias.fr
mardi 8 octobre 2024
Sophie Charles, maire de la ville, accompagnés des élus saint-laurentais devant la sous-préfecture. • SAINT-LAURENT DU MARONI
Les élus saint-laurentais, comme les habitants de la ville, sont exaspérés par la violence qui touche la commune. Un sit-in est en cours devant la sous-préfecture de l’ouest.
La spirale de violence dans laquelle s’enfonce la ville de Saint-Laurent-du-Maroni excède ses habitants, mais aussi ses élus. Des délits et des crimes sont commis de jour comme de nuit, de manière quasi-quotidienne, et aucun Saint-Laurentais n’est entièrement à l’abri.
Parmi les derniers faits marquants, le jeudi 3 octobre dernier, les gendarmes de la ville ont fait face à un barrage de tirs en leur direction. Ce dimanche 6 octobre, l’adjoint au maire Bernard Sellier, et son épouse, ont été braqués, ligotés, violentés à leur domicile. « L’insécurité à Saint-Laurent du Maroni a atteint un point critique et les habitants, tout comme leurs élus, sont à bout de patience« , écrit dans un communiqué publié ce lundi Sophie Charles, maire de la commune.
Sophie Charles demande la fin du PCR Margot
« Les agressions, toujours plus violentes et barbares, sont désormais notre quotidien, aussi bien dans les rues que dans nos maisons« , poursuit le communiqué, avant de conclure : « Nous sommes excédés ! […] La peur doit changer de camp. Les criminels doivent savoir qu’ils ne sont plus en terrain conquis ici. Nous exigeons de l’État, des réponses rapides. Saint-Laurent du Maroni ne peut plus attendre. »
Justement, le 3 octobre, Sophie Charles a envoyé un courrier au 1er ministre, Michel Barnier dans lequel elle demande notamment l’arrêt du poste de contrôle routier (PCR) de la crique Margot. « La crique Margot ne constitue pas une frontière et mobilise malheureusement des effectifs de la gendarmerie qui pourraient être redéployés en ville dans les quartiers sensibles […] l’État doit pouvoir se concentrer sur la véritable frontière, c’est-à-dire sur le contrôle du fleuve Maroni« , écrit l’édile à Matignon.
Sit-in devant la sous-préfecture
Sophie Charles a également demandé « l’éradication de certains quartiers informels qui servent de base arrière aux délinquants et leur permettent de conduire des actions dans tous les quartiers de la ville. » Une « augmentation significative » des effectifs de sécurité est également demandée.
Ce mardi matin, l’équipe municipale de Saint-Laurent du Maroni s’est réunie devant la sous-préfecture pour manifester sa colère et réclamer des actes forts auprès de l’État. Ils ont indiqué leur intention de rester jusqu’au soir. Gabriel Serville est également sur place.