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2024-05-03 16:30:24
« La Goélette, Golden Harvest 1S169 », diner-spectacle sur les migrations
Samuel Zralos
vendredi 3 mai 2024
« La Goélette, Golden Harvest 1S169 » va être jouée pour la première samedi et dimanche à Saint-Laurent du Maroni. Une exploration onirique des migrations sur le territoire.
Prenez un géographe spécialiste des migrations en Guyane, Frédéric Piantoni, maître de conférences en géographie à l’Université de Reims Champagne-Ardennes, une metteuse en scène et dramaturge, Ewa Kraska, ajoutez y des comédiens saint-laurentais, Alicia Monti, Kimmy Amiemba et Devano Battheo et un musicien d’hexagone, Sacha Gattino. Mélangez le tout d’une résidence d’écriture du camp de la transportation en 2021 jusqu’au bateau-restaurant la Goélette d’Andrea Cavalier. Et vous obtenez un projet un peu fou, défendu avec passion par ses animateurs, « La Goélette, Golden Harvest 1S169 », spectacle-diner en sept actes et autant de plats, qui va être joué pour la première fois à la Goélette, samedi 4 et dimanche 5 mai, sur réservation auprès du restaurant.
• Frédéric Piantoni
Créé à partir des témoignages de 25 migrants en Guyane, cette pièce raconte la création d’un menu, à destination des 60 chefs d’une chaîne de super-marchés de Guyane qui ont privatisé un restaurant pour fêter l’ouverture d’une nouvelle grande surface. « L’ensemble de mes projets sont spectacles créés en rencontrant les gens« , détaille Ewa Kraska, qui a l’habitude d’explorer l’intime dans ses oeuvres. Alors, à partir de vies de migrants en Guyane, son comparse, qui travaille depuis 20 ans sur les flux migratoires en Guyane et avait « l’impression d’avoir été au bout des démarches scientifiques » ont imaginé une oeuvre hybride, fondée tant sur les vécus des interviewés que « de leur imaginaire, de la façon dont ils se racontent« .
Et pour la première de ce nouveau spectacle, la Goélette, le restaurant-bateau bien connu des saint-laurentais les plus aisés, s’est imposé comme « un endroit pour que les personnages se rencontrent », raconte la dramaturge. Ce bateau « donne des contraintes, le bruit, l’entrée et la sortie de clients. Il fait tout de suite rêver aussi », soupire l’autrice. Et son statut de restaurant a permis d’y intégrer l’aspect diner du spectacle. « C’est aussi une métaphore« , reprend Fréderic Piantoni, « puisque beaucoup de gens arrivés en Guyane dans les années 1950, 1960, venaient encore en bateau« .
Enfin, s’enthousiasme le chercheur, ce bateau « tout de guingois mais toujours là se recompose en permanence« , tout comme une Guyane « complètement mondialisée, dont les habitants sont toujours en circulation, encore aujourd’hui« . Et le maitre de conférence de prendre l’exemple de l’arrivée de syriens, qui ont succédé aux haïtiens dans les mouvements migratoires du territoire, après tant d’autres.
« La Goélette, Golden Harvest 1S169 » est ainsi, aussi, une façon « d’interroger » les questionnements autours des migrations sur le territoire, « montrer que ça n’est pas un sujet, que le sujet ce sont les parcours, qui crééent de la richesse, construisent des valeurs et des projets localement« .
« On nous a dit très rapidement que la Goélette n’est pas le lieu des guyanais, plus un lieu des métros et de ceux avec des moyens« , admet volontiers Ewa Kraska quand on soulève la question. Pour elle, ce choix est certes un risque, mais demeure » un passage incontournable, pour pouvoir ensuite l’emmener dans d’autres lieux dans différents quartiers, en Guyane et ailleurs« . Car l’équipe créatrice ne compte pas s’arrêter à deux représentations.
Après Saint-Laurent du Maroni, « La Goélette, Golden Harvest 1S169 » ira voguer à partir de janvier prochain à l’entonnoir de Kourou, à l’Encre de Cayenne, sans doute aussi à la biennale de Macouria en juin 2025 et, si les étoiles en guident les voiles, sur les places de marché de Guyane et sur ses fleuves, ne serait-ce que pour « voir comment elle est reçue, hors de notre prisme de théatralité européenne« , sourit Frédéric Piantoni.
• Samuel Zralos
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