[France-Guyane] Tribune de Nadicha DOLINNI : « La peur doit changer de camp »

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2024-06-03 09:46:16

VIOLENCE EN GUYANE/ meurtre d’HÉLÈNE Tarcy-CETOUT 

Tribune de Nadicha DOLINNI : « La peur doit changer de camp »

Nadicha DOLINNI, ambassadrice de la ville de Saint-Laurent du Maroni, mannequin internationale
lundi 3 juin 2024

Nadicha Dolinni à 22 ans, et elle arpente tous les podiums de la haute couture dans le monde. • DR

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Chères Guyanaises, chers Guyanais,

Mes amis Saint-Laurentais,

C’est avec l’esprit lourd et le froid dans le dos que je vous écris en tant qu’ambassadrice de la ville de Saint-Laurent du Maroni. L’heure est grave, et il est de notre devoir, de mon devoir, de porter la voix des plus jeunes, mais surtout la voix de la Guyane.

Les récents événements qui nous ont frappés témoignent de l’avancée de la peur et de l’insécurité qui sévissent dans notre territoire. La mort, subite et injustifiée, de Madame Hélène Tarcy-Cétout, au-devant de l’unique supermarché que possède la ville de Saint-Laurent du Maroni, est le crime de trop. Jusqu’où allons-nous accepter de perdre nos filles et fils du péyi, tombés au champ d’honneur d’une guerre silencieuse, mais qui provoque trop de morts innocentes ? Madame Hélène Tarcy-Cétout laisse derrière elle quatre orphelins.

Rendre notre péyi meilleur

D’après les articles et les nombreux témoignages des proches de la pharmacienne, elle incarnait cette nouvelle génération, qui s’instruit, qui travaille et s’investit par amour de son péyi, amour de son prochain… celle d’une génération de jeunes Guyanais, partis étudier, et qui reviennent au péyi. Je fais partie de ces jeunes qui souhaitent faire briller mon péyi. Et je partage avec Madame Tarcy-Cétout cette conviction, que c’est en agissant, en travaillant, en partageant nos savoirs et notre richesse de cœur, qu’ensemble, nous allons changer les choses et rendre notre péyi meilleur.

Sa mort me bouleverse. Sa mort éteint en partie cette flamme qui me guide. Vais-je rester dans l’obscurité encore longtemps ? Ou bien est-ce le temps de faire notre deuil ? De pleurer et de repartir au combat ? Je fais le vœu que cela cesse ! En tant que jeune Saint-Laurentaise, quel espoir me reste-t-il ? Celui de retourner dans ma ville sans avoir la peur au ventre de quitter les miens du jour au lendemain ? Quel avenir m’attend lorsque tous les jours les rues sont recouvertes de sang, de bougies et de fleurs ? Quelle éducation puis-je enseigner à mes enfants quand les jouets ne sont qu’armes blanches et armes à feu ? Quelle prospérité puis-je espérer lorsque je dois me retourner sans cesse pour guetter le danger qui rôde ?

C’est un cri de fatigue, un cri de désespoir et d’impuissance

Que nous reste-t-il de cette ville autrefois considérée comme calme, ennuyeuse, sans histoire et où la violence était fortement contestée, où nos jeunes craignaient les armes à feu et où toute personne qui faisait du mal était sévèrement punie par les citoyens et la justice ? C’est un cri de fatigue, un cri de désespoir et d’impuissance que je pousse face à la dégradation de notre belle Guyane.

J’ai en tête la phrase de Madame le maire de Saint-Laurent du Maroni, qui annonçait que 14 gangs étaient identifiés sur la commune de Saint-Laurent. Quand seront-ils mis hors d’état de nuire ? Quand les gendarmes traqueront ces réseaux criminels internationaux plutôt que l’honnête citoyen qui dépassait de quelques kilomètres/heure la limitation de vitesse.

C’est plus facile de traquer l’honnête citoyen que le méchant criminel. Mais ceux qui nous font du mal, ce sont eux. Et ils ne se cachent plus ! Qu’avons-nous trop négligé, pour que les petits bandits comme les pires criminels, ne se cachent plus et se sentent en totale impunité ?

Nous voulons que cela cesse

Je dis qu’au nom de tous les jeunes, nous voulons que cela cesse ! Nous n’avons plus de vie. Nous, jeunes de Saint-Laurent, jeunes Guyanais, sommes systématiquement stigmatisés. Nous, citoyens nés libres et égaux, selon la Déclaration des Droits de l’Homme, sommes devenus prisonniers à ciel ouvert, d’une peur qui nous terrasse. Il est temps pour nous de retrouver le calme et d’inverser la situation. La peur doit changer de camp ! J’appelle toute la Guyane à s’unir face à l’insécurité et la violence. L’heure est au rassemblement et non à l’individualisme.

Nadicha Dolinni est Saint-Laurentaise, passionnée de photo, elle s’oriente vers le mannequinat.
• DR

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