À une centaine de mètres des berges de la place Baudin, une épave attire toujours l’attention des promeneurs et des curieux. Le navire Edith Cavell, échoué depuis un siècle, est devenu un lieu emblématique où les habitants viennent poser pour des photos ou immortaliser des moments spéciaux. Mais ce décor fascinant cache une histoire bien plus profonde.
Quiconque se promène sur les berges de Saint-Laurent-du-Maroni ne peut ignorer la silhouette de l’épave d’Edith Cavell. Les jeunes couples en font un décor pour leurs photos de mariage, et les curieux aiment capturer son allure figée dans le temps. Cependant, peu connaissent l’histoire de ce navire, à commencer par l’héroïne qui lui a donné son nom.
Edith Cavell porte le nom d’une infirmière britannique exécutée en 1915, dont l’assassinat a choqué l’Angleterre et contribué à mobiliser le pays durant la Première Guerre mondiale. Ce bateau, anciennement appelé Wagner, a été rebaptisé en son honneur et affrété pour transporter des marchandises entre Marseille et Saint-Laurent-du-Maroni. Mais son voyage s’est terminé tragiquement sur les berges guyanaises en 1924.
Lucien Durand, passionné d’histoire et directeur du port de l’Ouest Guyanais, a mené une enquête approfondie sur les mystères entourant l’échouement du navire. Des correspondances administratives retrouvées aux archives d’Aix-en-Provence suggèrent que l’équipage aurait volontairement provoqué la perte du bateau, probablement pour des raisons d’assurance.
Le 30 novembre 1924, jour de l’échouement, marque un tournant dans l’histoire locale. Ce n’était pas un simple accident. Tout laisse à penser qu’il y avait des enjeux cachés derrière cet événement
explique Lucien Durand, en évoquant ses recherches. Cent ans plus tard, les mystères autour de ce naufrage continuent de captiver les esprits, comme en témoignent les débats qu’il suscite encore.
Le jeudi 28 novembre, précédant le centenaire (d’anniversaire du 30 novembre 2024), Lucien Durand a profité des Jeudis du patrimoine, organisés à Saint-Laurent-du-Maroni, pour animer une conférence dédiée à ses recherches sur l’Edith Cavell. La salle de conférence, comble, a témoigné de l’intérêt des habitants pour cette histoire captivante.
Florence, une participante, a partagé son enthousiasme :
Je ne connaissais pas cette petite histoire et c’est un bâtiment que j’aime beaucoup regarder. Avec un prénom féminin, je voulais en savoir plus. J’ai appris des choses fascinantes, comme la différence entre échouage et échouement, et le rôle des pilotes qui accompagnaient les bateaux jusqu’à Saint-Laurent.
Gilbert, habitant de longue date, se souvient de ses souvenirs d’enfance autour de l’épave :
Quand on était jeunes, on allait pêcher dessus. À marée basse, on traversait facilement. À marée haute, on nageait en direction de la place des fêtes. L’épave a toujours fait partie de notre paysage.
Aujourd’hui, l’Edith Cavell est à la merci du temps et des éléments. Selon nos informations, plusieurs discussions ont eu lieu concernant la mise en valeur de l’épave. Cependant, des questions de sécurité, notamment le risque de vandalisme, freinent pour l’instant certaines initiatives encore gardées confidentielles. Ce symbole historique mérite des solutions durables pour préserver sa mémoire et continuer à fasciner les générations futures.
Avec ses mystères non résolus, ses conférences qui attirent les foules, et son rôle dans le paysage de Saint-Laurent, l’épave de l’Edith Cavell continue de captiver et de questionner un siècle après son échouement.